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EXTRAIT

“ Un périmètre de sécurité avait été mis en place. Dés neuf heures, les femmes de l’atelier Mille Saveurs du centre socio-culturel avaient dressé deux longues tables sur le parking. De là, on avait une vue plongeante sur le bâtiment désossé qui les regardait de ses orbites creuses. Chacune des femmes y avait été de sa spécialité: crêpes, gâteaux au miel, biscuits au chocolat. La mairie avait débloqué une subvention pour l’achat des denrées. Sur l’autre table s’alignaient plusieurs maxi thermos de café et de thé à la menthe, trois bouteilles d’une boisson subsaharienne qui emportait la bouche, quelques litres de Coca pour les jeunes, pas d’alcool. À onze heures, tout était prêt. Celles qui avaient des enfants se hâtèrent d’aller les récupérer à l’école qui fermait ses portes pour l’occasion. L’explosion était prévue aux environs de treize heures trente. « Un vendredi, ça tombe mal, avait plaidé l’association interreligieuse Au Fond Du Coeur, en plein moment de la prière ! » Mais compte tenu que la mosquée – l’ancienne chapelle désaffectée – n’avait rien à craindre à l’autre bout de la cité, la date et l’heure avaient été maintenues. ”

Les Couventines

Textes : Sylvie Cavillier
Couverture et graphisme : David Maes
80 pages – 17,5 x 12 cm   ISBN 978-2-9531939-3-0
Date de parution : décembre 2016

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EXTRAIT

Chaque année en mai, les classes de seconde se rendent en autocar dans un monastère à l’autre bout du pays pour une semaine de retraite silencieuse. Il n’y a que l’année des fameux « événements » où la retraite a dû être annulée pour cause de pénurie de carburant.

La retraite silencieuse vise à faire l’expérience « d’un temps de désert propice à l’ouverture de l’âme et du coeur ». Conférences et prières matinales en silence, repas pris en silence. Seul répit, une petite demi-heure après le déjeuner pendant laquelle les secondes s’éparpillent en hurlant sur les pentes herbues qui surplombent le monastère, et s’amusent à lancer dans la rivière en contrebas les morceaux de pain chapardés au réfectoire. Tous les après-midi, un grand moine au regard fixe commente le chemin de croix, station par station, dans une tension allant crescendo, devant un auditoire féminin fasciné par le mouvement de sa glotte. À la station 13 (Descente de la croix), il n’est pas rare qu’une fille tombe en transe pour s’être trop identifiée à la Vierge Marie ou à Marie Madeleine.

Le panier de l’ombre

Re-édition de textes édités par Les Edition Folle Avoine en 1996
Textes : Sylvie Cavillier
Couverture : David Maes
Graphisme : Laurence Maigret
24 pages – 21 x 15 cm ISBN: 978-2-9531939-12-3
Date de parution : juin 2009

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EXTRAIT

Dans l’ombre qui goutte des chênes
les aimés ont les yeux écarquillés

Sur le toit, la girouette a figé les horizons

Et pour l’enfant, loin, c’est en face
au coteau, deux arbres mouillés d’air

Aimés, restez dans le panier de l’ombre

Au-delà, la brûlure assourdit
comme le silence résonne
d’inachevés
qui sont peut-être des cris
peut-être l’écho du sang

Entre deux sommes

Dix ariettes à chanter / Cinq saynettes à jouer
Textes : Sylvie Cavillier
Gravures sur bois de Maurice Breschand
Graphisme : Laurence Maigret
64 pages – 21 x 15 cm ISBN: 978-2-9531939-1-6
Date de parution : juin 2009

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EXTRAIT

Je dispose d’un champ carré
Bordé de murets
Au milieu d’une étendue

C’est mon champ carré

Je passe et je repasse devant
Mais la zone est déclarée
Inconstructible

L’existence est telle
Où je viens tous les jours
Avec mes dents de rêve branlantes
Commander quelque chose
Hors du menu

Les Chroniques de la Grande Mademoiselle

Textes : Sylvie Cavillier
Graphisme : Laurence Maigret
64 pages – 17,5 x 11 cm ISBN: 978-2-9531939-0-9
Date de parution : mai 2008

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EXTRAIT

Parfois, au mois de juin, avant de partir en vacances, il fait très chaud dans la cité. Au dessus du minuscule balcon de la cuisine, on étend un grand drap pour faire de l’ombre. La cité dort. Les bâtiments ont l’air de paquebots coincés dans un port. Les pelouses sont sèches et tondues. L’air chaud tord les silhouettes. On dirait l’Afrique. Pour se désaltérer, on boit de l’eau avec du coco ou on fait des glaces dans les bacs à glaçons en mélangeant du café et de l’eau. On cherche la fraîcheur des arbres, dans les vergers, après le cimetière. On transpire vraiment, les joues sont chaudes et rouges, et la gourde est toujours trop petite.

La pluie exaucée

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 EXTRAIT

J’ai besoin d’une pluie exaucée

Âmes soeurs
Verts miroirs que je sais
sans avoir à me voir
les filles de l’Arbre crient à son approche
qu’elles se noient
alors qu’on les retient
folles par le bas du corps

Jai besoin d’une pluie de baisers
qui en fasse germer d’autres
à ma bouche

J’ai besoin de bercer ma peur.